Louisa ou Loïsa Paulin était écrivaine et poétesse française. Elle a été récompensée par plusieurs prix littéraires et saluée par une abondante et élogieuse critique.

Louisa Paulin est considérée comme l’un des auteurs occitans modernes les plus importantes de sa génération. Née dans une famille paysanne, l’albigeois, où l’on parle l’occitan, Louisa avait fait connaissance avec le français à l’école primaire avant d’intégrer l’école normale d’institutrice d’Albi en 1904.


L’écrivaine qui a vu le jour le 2 décembre 1888 à Réalmont, dans le Tarn, a commencé à publier en Français des contes et des essais régionalistes. C’est au début de 1940 que paraîtront ses premiers poèmes en occitan. Dont : Violonaire d’inferm, Fresca, Montségur et Sorgas, son premier recueil de poésies occitanes, qui a été publié en 1940.


Également institutrice à partir de 1907 dans le Tarn, à Veines, Saint-Sernin-lès-Lavaur, Barre et Savignac, Louisa a suivi en session intensive des activités littéraires bilingue pour étudier l’occitan qu’elle a découvert dans les années 30.

Quoiqu’elle maîtrisait cette langue de sa jeunesse à l’oral, elle ne savait pas l’écrire. C’est pourquoi son premier recueil titré : Fragments d’une symphonie d’automne, a été publié en français, en 1936. Plus tard, elle obtient deux prix de l’académie des jeux floraux et le prix de poésie de Goléand pour son recueil intitulé : Airs villageois.


Les poèmes de Louisa Paulin sont aujourd’hui utilisés pour enseigner l’occitan. Redécouverts à partir des années 1970, ses textes ont été mis en musique par de nombreux chanteurs contemporains. Tels que : Daniel Loddo et Rosina de Pèira.


Elle avait atteint de neuropathie amyloïde. Celle-ci entraînera progressivement une paralysie et une perte de vue. Elle était obligée de prendre une retraite en 1932 et s’installer dans sa ville natale où elle va consacrer les dernières heures de sa vie à l’écriture dans de l’occitan, sa langue maternelle qu’elle dictera , empêchée par la maladie.


Peu de temps après, la mère de trois enfants, dont tous morts en bas âge, devenait aveugle et dictait ses poèmes et ses lettres aux amis qui venaient la voir. La femme de lettres décède le 23 avril 1944 dans la commune où elle est née.

Je vous invite à découvrir trois (3) poèmes de Louisa Paulin :

 

1. Berceuse pour mon ami

Légère feuille de bouleau

ton enfantin sommeil qui se mire dans l’eau

et se joue aux rideaux d’une lune indolente,

ton sommeil lisse et frais qu’aucun souci ne hante

prête-le moi, ce soir, ton sommeil de lutin

pour de beaux yeux de brume et de lointain,

les yeux de mon ami toujours clos sur des larmes.

Légère feuille de bouleau,

si sage dans la paix de la lune et de l’eau,

enchante-le de ton fragile charme,

emporte-le dans ton royaume aérien :

que l’eau de tes reflets caresse ses paupières

comme autrefois les baisers de sa mère

ou le souffle d’amour de son ange gardien.

2. Chanson joyeuse

Chantons la joyeuse rivière

si belle en abril,

suivons tous le fil

de l’eau

toute vive et toute riante

qui se souvient du temps des ruisseaux

et d’avoir bondi sur les pentes

toute gazouillante

et comme gonflée d’un peuple dòiseaux.

– Voici le Printemps, nous dit-elle,

écoutez la bonne nouvelle,

je viens de l’apprendre au coucou

et le coucou à l’hirondelle,

l’hirondelle l’a portée partout.

Le monde est couleur d’ espérance,

tout semble revêtu d’enfance,

tout est léger, joueur et fou,

venez chanter et danser avec nous! –

Et tout a répondu à la bonne nouvelle,

tout a suivi

la joyeuse rivière,

tout a jailli

hors de l’hiver,

tout est vètu de neuf, de clair,

comme pour entreprendre un merveilleux voyage,

comme pour suivre ce nuage

qui navigue, là-haut, dans les eaux bleues du ciel.

Voyage du printemps en route vers l’été

ouvrant nos coeurs à la bonne nouvelle;

le monde est jeune et nous prête ses ailes !

Beau voyage d’avril, beau voyage de mai

où tout est pavoisé de chansons, de lumières.

Heureux qui, comme toi, ô vivace rivière

sait voyager toujours et n’arriver jamais 

3. Chant de neige

L’Ange de la géométrie, mon coeur,

Ce matin d’hiver veut nous prendre au piège.

L’Ange étincelant nous ouvre, mon coeur,

Le blanc paradis des cristaux de neige.

Et nous sommes là, fascinés, mon coeur,

Par sa merveilleuse et pure science.

Et nous sommes là, prisonnier, mon coeur,

De son ineffable et cruel silence.