Les pistons de la fête ont saoûlé les amants,
Les couples ont poussé comme des champignons
Sur les quais où l’on voit trembler de faux brillants
Et l’amour s’étaler sans gêne et sans façon.
Mais la misère, un jour, les tire en sa nacelle
Et la barque s’en va sur le sombre canal,
Vers des terrains jonchés de débris de vaisselle,
De paniers éventrés et de vieux fils d’archal.
L’amour court les pieds nus comme un petit vaurien
Qui le soir, pour voler, entre dans les boutiques.
Il sait pleurer d’un oeil lamentable en public,
Mais vendrait ses parents que nul n’y verrait rien.
Et parfois il revient offrir dans les faubourgs
Des Venus ébréchées en craie éblouissantes
Aux ménages heureux qui ornent leurs amours
D’une mythologie à quatre francs soixante.
Elise Champagne