La bergère Liris sur les bords de la Seine
Se plaignait l’autre jour d’un volage berger.
Après tant de serments peux-tu rompre ta chaîne
Perfide, disait-elle, oses-tu bien changer?
 
Puisqu’au mépris des Dieux tu peux te dégager,
Que ta flamme est éteinte et ma honte certaine;
Sur moi-même de toi je saurai me venger.
Et ces flots finiront mon amour et ma peine.
 
A ces mots résolue à se précipiter,
Elle hâte ses pas et sans plus consulter.
Elle allait satisfaire une fatale envie.
 
Mais bientôt s’étonnant des horreurs de la mort;
Je suis folle, dit-elle, en s’éloignant du bord,
Il est tant de bergers, et je n’ai qu’une vie.
 

Anne de la Vigne